Marvejols-Mende 2017….mon CR…

 

3h30 du mat’: bip-bip-bip… le reveil sonne et ça pique bien…un thé pour se réveiller, on s’habille, on check le sac et hop! 1h plus tard c’est partie mon kiki…

Nous arrivons comme tous les ans, à 7h…pour nous, la remise des dossards se fait dans le gymnase de Marvejols et d’habitude à cette heure là il y a encore peu de gens je peux donc repérer tranquillement les têtes connues, mais cette année c’est bien différent, c’est déjà noir de monde, oups, c’est pas gagné…et aucun réseau ne passe, je ne peux joindre personne…je m’en remets donc au hasard pour les rencontres…et le hasard sera finalement clément rapidement…voici Sylvie et Jean-Michel Plisson ainsi que Sylvie filipski tous les 3 des JCT et quelques temps plus tard Pascal Augeraud qui commente mon blog régulièrement ainsi que Bénedicte (alias sur la route du marathon) …je cherche du regard Marie, sans succès…l’heure tourne, je rencontre Philippe et Steeve déjà placés derrière l’arche de départ, encore un peu de patience…je joue les photographes pour un groupe de coureurs déguisés en clown…et puis tiens, pendant que j’y suis, un autre groupe de coureur me demande la même chose, l’émotion me rend un peu neu-neu mais bon, clic-clac, ils auront tout de même leur photo souvenir…et le coup de pistolet est donné…

 

Je connais l’épreuve, c’est ma 4ème participation…j’en connais les pièges, qui sont pour moi  essentiellement liés au mental alors je prends les devants immédiatement, j’intègre une bulle ouatée de douceur avec interdiction absolue d’en sortir avant d’avoir franchie l’arche d’arrivée…je me donne des consignes à respecter :

  • ne pas regarder droit devant moi dans les côtes…
  • ne  pas faire cas des marcheurs… ni des vrais (ceux qui sont partis une heure plus tôt pour faire le parcours en marchant …) ni des coureurs-marcheurs-démissionnaires (je sais qu’il y en aura beaucoup au fil du parcours) …
  • marcher en haut des cols est acceptable mais le plus tard sera le mieux
  • ne pas  taper la discut’ pendant des plombes aux ravitos, tu prends ton gobelet, un sourire, au revoir et merci…et roule ma poule…
  • profiter à fond du public, ne pas oublier de poker la main des petits toujours nombreux sur le bas coté de la route
  • tenir compte du dynamisme de mes Pégasus dans la descente des cols pour ne pas être emportée comme une balle

J’entre dans ma bulle et ça fonctionne à merveille…

le peloton est relativement volubile pendant les 5km de faux plat, ça rigole, ça piaille, ça fait de grands signe aux copains-supporters massés sur le bas-coté, ça conjure le sort, on entends sur le sol le martèlement de nos semelles…et puis nous voilà au pont des écureuils…ici commence l’enfer!  terminée la rigolade! l’enfer , c’est comme sur le port-salut, c’est écrit dessus, tu es prévenu:

 

 

z20232644_1520805991312088_1911589454138219729_o(1)
crédit photo : Sylvie Filipski des JCT

Le silence…

Tout le monde grimpe, en silence…j’ai un peu la nausée, ça ne dure pas, je la chasse par la pensée…je verrouille ma bulle, j’entends à peine le souffle du peloton, je ne veux rien savoir de ce que vivent mes partenaires de course, je grimpe, du mieux que je peux, sans me décourager, j’applique mes consignes à la lettre, je suis bien..aussi bien qu’on puisse l’être dans ces conditions là…Certaines choisissent des courses de filles à parcourir sur du plat , en tutu rose, moi j’ai choisi de faire la maligne sur une route de montagne légendaire, cruelle pour les quadriceps, chacune son trip, tais toi et grimpe…

 

Nous approchons de Goudard…un coureur me dit que le plus dur est fait, mon oeil, tiens, je sais bien que c’est faux…

« on ne me la fait pas cher monsieur, une fois en haut, après quelques minuscules mètres de plat, tu crois que c’est fini et bam! ça remonte direct, ahah!!! pas à moi , non, non, pas celle là…je sais bien qu’il faut grimper encore, encore et encore…

La descente, enfin…vertigineuse et longue de plusieurs kilomètres…j’ai pris un verre d’eau à Goudard et encore un peu avant, un verre de glucose, tout est sous contrôle, je m’élance…je maîtrise ma foulée, je veille à être bien relâchée pour éviter les tensions inutiles…la proprioception de mes Pégasus est efficace, j’ai assez d’amorti pour ne pas souffrir à l’impact du sol, je dois juste maitriser leur dynamisme  car elles ont tendance à me faire dérouler un poil trop rapidement dans les descentes, il ne s’agit pas d’arriver en bas en roulant mais en courant…et c’est le kif intégral…, je double un paquet de gens trop prudents, j’ai l’impression de voler…sentiment de liberté, bonheur…

Mais le Marvejols-Mende te reprenant toujours rapidement ce qu’il t’a donné…voilà donc la montée du col de Chabrits qui s’annonce….

J’ai quelques kilomètres de montée  suivis de tout autant de kilomètres de descentes dans les pattes alors autant te dire que je manque de fraicheur aussi bien physiquement que mentalement …

Mission du moment: courir et marcher le plus tard possible…le souffle de mes compagnons de route se fait désormais bien entendre…j’évolue tête baissée…surtout ne pas regarder au loin, ignorer ce long bandeau de dos courbés en train de grimper…je  repère devant moi une paire de chaussettes de contention blanche qui court à toute petite foulée, je me concentre là dessus… leur propriétaire me fait penser à moi lors de mon tout premier Marvejols-Mende et pendant lequel marcher m’était tout bêtement mentalement interdit (interdiction levée par la force des chose, ceci dit, bref) ….j’applique vaguement une méthode Cyrano de circonstance, non sans avoir une pensée émue pour mon rasta préféré  (et qui se reconnaitra à la lecture de ce billet)  et je m’auto-épate un peu dans les portions courues…mémé en a encore un peu sous la semelle, ouai, ouai, ouai, poussez vous de là que je m’y mette… autours de moi, ça démissionne mentalement en  masse et pendant ce temps là, je m’éclate et je me fiche des coups de pieds au derrière efficaces qui me rapprochent de Chabrits à petites foulées entrecoupées de petits pas et pendant lesquels je veille à bien faire redescendre le cardio et à bien me redresser histoire d’étendre ma colonne vertébrale pour éviter le mal de dos …je double les chaussettes blanches, qui me doublent à leur tour, nous ferons le yoyo jusqu’au ravito qui annonce la dernière descente en direction de Mende….un verre d’eau, une tranche de pain d’épice, je m’arrête quelques instants pour la dégustation et pour un petit voyage astral aussi certainement mais le speaker me ramène à la réalité et me somme d’arrêter de boire et de manger et de m’y remettre, allez hop! du balai! c’est reparti mon kiki…les jambes sont dures et raides, je parcours  quelques mètres de plat en me demandant comment je vais bien pouvoir courir avec des cuisses  devenues morceau de bois …et la descente finale se présente à moi, ce n’est plus le moment de se poser des question, youhouuuuu, je m’élance!!!!!

je vais dérouler comme une cinglée pendant les quelques kilomètres qui me séparent de l’arrivée…je ne perds pas de vue qu’à la fin de cette pente descendante, il y en aura une autre, montante cette fois, histoire de nous faire payer jusqu’au bout notre audace à vouloir parcourir cette épreuve de légende qui scie les pattes de tout ses participants, quel que soit leur niveau, depuis maintenant 45 ans…

C’est une portion de route difficile par son aspect physique bien sûr mais mentalement également très délicate  car s’y trouve désormais plus de marcheurs que de coureurs…et pourquoi que je ne finirais pas moi aussi tranquilou la truffe au vent , hein? nan?

Tais toi et cours!

Nous sommes donc désormais en ville…le public criant nos prénoms est en liesse…500mètres (environ) restent à parcourir en montée, la foule est massée derrière des barrières, déchainée et jouant le jeu…émotion garantie…500m, ce n’est rien du tout dans la vraie vie mais à la fin de cette épreuve , c’est pour moi l’équivalent des 195 derniers mètres d’un marathon, le bout du monde au bout du monde….j’ai mal, je ne sais même plus où mais j’ai mal…mon souffle est à bout…envie de chouinasser…bonheur d’être presque arrivée….je cours à reculons, ça n’en finit donc jamais de grimper ici…ça y est , c’est l’ARCHE !!! je la franchis, coach-chéri me rejoint, je fond en larme…

 

Je termine mon 4ème Marvejols-Mende satisfaite, en 2h40’09 » (temps réel) et donc avec un chrono qui bien qu’anecdotique est encore un peu en progression, ça me va…

J’ai le plaisir de retrouver après l’arrivée, Pascal que je suis depuis longtemps sur twitter ainsi que Marie et sa petite famille que je ne vous présente plus

 

resultatMM2017coco
résultats 2017

 

Captureevolutionmm
stats des années précédentes

 

Mon Marvejols-Mende 2017 sur strava

 

 

28 commentaires sur « Marvejols-Mende 2017….mon CR… »

  1. Beau we en Lozère, bonne ambianceet très heureux de revoir diverses personnes (dont cocoandco) sur les lieux. Je ne suis pas trop mécontent de mon résultat compte tenu d’un entrainement pas forcément adapté au profil de cette belle course (40 nationalités dont les Chinois pour la 1ère fois).
    Résultat 2017 de Master 3 Pascal (avec un plus d’arrivants cette année)
    – place 1085 AUGERAUD PASCAL ROCHELLE (LA) 02:11:34 VM3 54 ème
    en 2016 :
    – place 1142 AUGERAUD PASCAL LA ROCHELLE 02:14:29 VH3 55 ème
    our info :en 1997:
    – place 555 AUGERAUD PASCAL 01:42:07 LES MILLES VH1 140 ème

    Par contre cette année encore de terribles crampes (mollets et cuisses dans les 4 derniers km)  » bouffeuses » de mon bénéfice gagné avant leur apparition.
    J’étais sur un chrono de2h à 2h 02′, obligé de m’arrêter 4 fois de faire un peu d’étirement et surtout de ralentir vraiment. J’étais avec mon compagnon de chambre (que j’avais déjà rencontré l’an passé) dans les parties pentues , dans une descente, il a été plus rapide ou plus constant mais je l’avais en visuel et après dès les douleurs ressenties, je l’ai perdu de vue et lui à bouclé en…
    – place 688 PREVOST THIERRY UA VERSAILLES 02:00:24 VM2 122ème
    Sinon le soir , le repas à la halle Saint Jean pour réconforter et un peu de danse afin de tester mes jambes.
    Aucune gène, pas de douleur !
    Mais malgré tout, je raffole de cette belle course.
    « Longue vie à Marvejols- Mende ! « 

    J’aime

  2. Superbe compte-rendu! Intéressant de lire ton ressenti sur la course km après km et bravo pour ce mental de championne dans le Goudard puis le Chabrits! je trouve l’approche très constructive.
    Je te dis à bientôt sur une prochaine course et d’ores et déjà au MM l’an prochain 🙂
    Bénédicte

    J’aime

  3. Bravo tu t’es bien accroché sur ce dur parcours de MM …. a lire ton CR on se rend bien compte que la course est dure pour tout le monde, quel que soit notre niveau
    Vive La Légende !
    Cela m’a fait plaisir de te rencontrer ! A bientôt sur une autre compet

    Aimé par 1 personne

    1. Merci pascal pour ton commentaire que je découvre tardivement (wordpress fait du zèle, ton com’ était passé dans les spams ^^ )
      Contente également de t’avoir rencontré et qui sait, oui, peut être à bientôt lors d’une prochaine rencontre dans le secteur …

      J’aime

  4. Je crois bien que je me suis reconnu😁 le cyrano de circonstances, y à que ça d’vrai!!!😜
    Belle course en tout cas, et même si on voit un peu de souffrance sur les photos, ça me ressent pas comme ça en lisant le CR, donc c’est top!!!! Félicitations

    J’aime

    1. merci Jérôme, c’est surtout sur les 400 derniers mètres que j’ai un peu morflé, tout ce que j’avais contenu d’un coup s’est libéré à ce moment là , je n’en pouvais plus ^^ …et maintenant j’ai juste envie d’y retourner en fait ;o))

      J’aime

  5. J’étais tombée sur ce blog qqs jours avant la course et nous nous sommes croisées…. Dans la queue des toilettes avant le départ 😉 avant que je n’opte pour les toilettes sans porte avec mon frère devant 🙂 je vous ai revue commencer la dernière partie avant l’arche, cette portion affreuse où chapeau blanc sur la tête sur le chemin du retour nous encourageons les partenaires de course encore en souffrance 🙂 2eme participation pour moi et pas la dernière !!

    J’aime

    1. ahah! les toilettes avec la moitié de porte, fallait vraiment avoir une envie pressante et un frère avec les épaules assez larges pour s’y risquer 😂😂😂 merci pour votre commentaire qui me fait super plaisir , c’est bien la première fois que je rencontre qqun au petit coin qui me retrouve finalement sur ce blog…bravo pour votre course ..et au plaisir de vous lire et/ou de vous recroiser sur le MM ou ailleurs (j’espère que la porte sera réparée d’ici là ahah!! )

      J’aime

Laisser un commentaire